« Ce qui m’intéresse c’est peindre
le réel tel qu’il est et comment je peux le déplacer. » Je rencontre
Philippe Cognée à la sortie de l’École des Beaux-Arts, à Paris, où il enseigne.
Il se met à parler de peinture, sa raison de vivre, depuis son enfance en
Afrique, au Bénin, jusqu’à ses grandes expositions, comme celle de Versailles
en 2011 ou celle du château de Chambord en 2014 où il avait montré ses portraits, ses architectures, ses carcasses d'animaux, ses poissons et ses célèbres vues d'architectures réalisées à partir de Google Earth. Une exposition dans laquelle il avait pensé l'accrochage "en rapport avec la verticalité et l'horizontalité du lieu, comme en écho à l'escalier à double vis de Léonard de Vinci qui se trouvait au centre des salles d'exposition. Tout devait pouvoir s'articuler plan par plan", raconte-t-il avec précision. Dans son atelier près de Nantes, il passe des heures à
« révéler » des images. Il a cette opiniâtreté au travail, cette
urgence à peindre.
« Ça se liquéfie et ça se fige comme la
lave d’un volcan. Dans un premier temps, je construis, puis ensuite, c’est la
surprise d’une image qui se révèle. » m'explique-t-il. Dans la distorsion créée par la
technique de l’encaustique qu’il chauffe au fer à repasser sur la toile, la
métamorphose de la matière trouble l’image qui semble vibrer par ses contours
flous. « Ce qui m’intéresse c’est l’imprécision, la mise en danger, la
fragilité de l’œuvre » continue-t-il avec passion. Le motif se distend, s’échappe presque. « Il y
a une part d’exploration dans mon travail. Je recherche la tension. Je
peux repasser trois à quatre fois le fer ! » L'exploration de l'artiste n'est jamais terminée. En me parlant, il dessine, croque, il ne peut s'en empêcher. « Un
peintre doit se renouveler » dit-il. Il me confie que son travail en cours, à
partir de photographies d’œuvres contemporaines, est très ambitieux. Un gros projet, hors norme, inédit, tel une grande fresque qui montrera une multitude d'images mises côte à côte. Il ne veut pas en dire plus, reste dans le secret mais
la finalité de ce nouveau travail sera bien sûr, toujours, la
peinture.
Philippe Cognée dans son atelier. Crédit : Philippe Cognée
Au Radar à Bayeux, dans le cadre de festival Normandie impressionniste, une exposition (commissariat de Philippe Piguet)
montre ses portraits sous le titre "figures envisagées" encore visible jusqu'au 18 septembre. Ce sont les derniers jours, dépêchez-vous pour découvrir cet artiste contemporain incontournable.
Philippe Cognée est représenté par galerie Daniel Templon à Paris
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