S’il fut considéré comme un des chefs de
file du mouvement impressionniste, lui ne pensait peut-être pas la même
chose...
Devant les Nymphéas de Monet, Degas lance, provocateur, qu’ « il
n’éprouve pas le besoin de perdre connaissance devant un étang. » Il ne
peint pas la nature, ou très peu, et encore moins en plein air ! Il
préfère l’atelier où il se confronte, jeune peintre, aux classiques – en
particulier Ingres qu’il admire – puis s’épanouit dans les portraits et les
scènes de genre, ce qui l’autorise – pense-t-il - à railler ses amis
impressionnistes, ces « impudents farceurs », aux côtés desquels il expose
pourtant de 1874 à 1886. Mais, est-il vraiment impressionniste ? On préfère parler
de « novateur ». Car Degas adopte un regard moderne, explorant les
possibilités de la photographie qu’il traduit en peinture par des cadrages inédits
et des recherches sur le mouvement dont témoignent ses peintures (et
sculptures) de ballets à l’opéra et de courses de chevaux. C’est un instantané
reproduit sur la toile, souvent accentué par l’effet vibrant du pastel. Des
scènes prises sur le vif, des moments volés, comme cette femme peinte de dos
dans La visite au musée ou ce petit
rat de l’opéra qui ajuste sa ballerine. Un bureau de coton à la Nouvelle Orléans de 1873 est magnifique de précision
tandis que les Danseuses au repos,
vingt ans plus tard, sont exubérantes de couleur. Le peintre ne s’est probablement
jamais pensé impressionniste, ce qui ne l’empêcha pas d’avouer à Monet,
abandonnant sa vantardise : « Vos tableaux m’ont donné le
vertige ».
Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, huile sur toile, 1873, musée de Pau
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