lundi 10 septembre 2018

Le Mobilier National ouvre ses réserves pour la première fois au public

A l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine, qui se tiendront les 15 et 16 septembre 2018, l'institution, créée en 1935, ouvrira ses réserves pour la première fois au public. A l'intérieur de l'édifice construit par l'architecte Auguste Perret, c'est une des plus prestigieuses collections de meubles au monde qui est conservée. C'est également l'occasion de visiter l'atelier de restauration et l'atelier de recherche et de création en compagnie de liciers professionnels. 
En province, pour ces Journées, la manufacture de la Savonnerie à Lodève, les ateliers conservatoires de dentelle d'Alençon et du Puy-en-Velay ainsi que la manufacture de basse lice de Beauvais seront également ouverts au public. 

Photo Mobilier National
A Paris, l'exposition actuelle "Au Fil du siècle, 1918-2018, chefs-d'oeuvre de la tapisserie" est prolongée jusqu'au 4 novembre. Immersion chronologique et colorée au sein des fleurons de la collection de tapisseries conservée au Mobilier National, cette exposition permet de croiser les plus grands noms de la création du 20e siècle, jusqu'à aujourd'hui. D'abord remise sur les rails au ralenti dans la France d'après-guerre, la production textile va petit à petit reprendre des couleurs en faisant appel aux artistes contemporains les plus renommés. Ce nouvel élan est surtout favorisé par l'organisation de l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels qui ouvre ses portes au Grand Palais en 1925. Les manufactures nationales y tiennent une place d'honneur et peuvent montrer leur savoir-faire. A cette époque, la mode est à l'exotisme et les représentations montrent souvent un ailleurs fantasmé, reflet du regard colonial. Rebelote en 1937 avec la grande exposition des Arts et Techniques appliqués à la vie moderne qui réunit par moins de 80 pays dans la capitale. La Manufacture des Gobelins y tient fièrement son pavillon. C'est l'époque de Raoul Dufy, Jean Lurçat, Marcel Gromaire et Jean Dubreuil, des peintres qui donnent un souffle nouveau à la production, en créant dans les ateliers d'Aubusson des pièces qui sont toujours des références du genre. Mais l'arrivée de la Seconde Guerre interrompt pour un temps cette renaissance, entraînant même des commandes que l'histoire voudrait oublier, de la part du Reich. Deux de ces tapisseries exécutées pour les nazis sont aujourd'hui conservées au Louvre et au Musée d'Art Moderne. Après guerre, les temps changent, les commandes aussi. On s'adresse alors à Matisse et aux avant-gardes du modernisme, Miro, Picasso, Delaunay puis, au fil du temps, à Hans Hartung ou Zao Wou-Ki, l'abstraction prend le pas sur la figuration. On tisse désormais d'après Arp et Kandinsky, ce que montre avec audace la galerie Denise René en 1952. Puis, ce sera au tour de l'art cinétique de sublimer la tapisserie, un mouvement très en vogue à la fin des années 1960, avec les œuvres de Victor Vasarely. Il s'épanouit avec la commande du président Georges Pompidou à l'artiste Yaacov Agan qui donne naissance à une véritable architecture cinétique recouvrant le sol et le plafond de l’Élysée de 189 couleurs. 

Notre époque actuelle privilégie l'inventivité et l'utilisation de nouvelles techniques pour que l'art de la tapisserie se renouvelle encore. Les liciers ne cessent de dialoguer avec les artistes d'art contemporain, ce dont témoigne la belle composition tissée d'Alain Séchas réalisée cette année et représentant une "Carte du Japon", invention rêvée et onirique. On reste frappé par la fluidité des lignes et la spontanéité de la couleur. Ici, tapisserie et peinture ne font plus qu'un, dans une jolie illusion d'optique.

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